Une phrase maladroite, une polémique
disproportionnée : l’ancien coach de l’AJA mérite mieux que ce
déferlement injuste de critiques.
Il suffit parfois d’une phrase,
un peu vieille France, un peu dépassée, pour déclencher la colère
numérique. Mardi soir, Guy Roux, 86 ans, a eu le malheur d’oser une
comparaison maladroite entre le rythme du jubilé de Djibril Cissé
et celui d’un match de football féminin. Une remarque glissée dans
un sourire, un brin taquin, lors d’un direct sur
La chaîne L’Équipe. Et depuis ? L’ancien entraîneur de l’AJA se
retrouve cloué au pilori. Accusé de sexisme, traité de sénile ou
d’archaïque, comme si une vie de passion et de contribution au
football français ne pesait plus rien face à une citation sortie de
son contexte.
Un mot de travers, un torrent
de reproches
Car enfin, qui est Guy Roux ?
Un homme qui a donné 44 ans de sa vie à Auxerre. Un bâtisseur. Un
formateur. Un découvreur de talents, d’Éric Cantona à Djibril
Cissé. Un amoureux du jeu, des jeunes, du ballon rond. Et, faut-il
le rappeler, un homme de 86 ans qui continue de suivre le football
avec acuité. « Il a dit les termes », écrivait
un twittos. Et un autre d’ajouter : “Le simple fait qu’il ait vu un match de foot féminin, à son
âge, démontre une ouverture d’esprit immense.” Oui, Guy Roux a
dit une bêtise. Mais qui, sincèrement, pense qu’il cherchait à
offenser ?
L’humour maladroit ne mérite
pas la lapidation médiatique
Le vrai malaise, ce n’est pas
dans sa phrase qu’il faut le chercher. C’est dans la réaction
disproportionnée qui a suivi.
RMC s’est jeté sur l’os comme un tabloïd à l’anglaise. D’autres
médias ont relayé l’info, sans recul, sans nuance. Le football
féminin, qui mérite d’être respecté et promu, n’a rien à gagner à
s’ériger en victime d’un homme dont la carrière entière est un
hymne à l’amour du jeu sous toutes ses formes.
Respecter un homme, c’est
aussi lui accorder le droit au faux pas
Ce n’est pas excuser que de
comprendre. Guy Roux n’a pas insulté. Il a comparé. Maladroitement.
Il aurait pu dire que c’était lent, qu’il s’ennuyait, que ça
manquait d’intensité. Il a préféré une pirouette, un clin d’œil.
Mal reçu. Il faut aussi savoir replacer les mots dans le contexte,
celui d’un jubilé festif, dans un stade qu’il a lui-même contribué
à construire. Le rappeler à l’ordre ? Peut-être. Le vouer aux
gémonies ? Certainement pas.
Guy Roux, ce qu’il représente
doit peser dans la balance
Ce que nous dit cette
polémique, c’est aussi notre rapport troublé à la mémoire, à la
reconnaissance, à la transmission. Le football, c’est aussi des
hommes, des figures, des légendes vivantes. Guy Roux en est une. On
peut corriger ses mots, mais pas effacer ce qu’il a donné. Alors,
pour une fois, imitons José Mourinho : “Respect, respect, respect.” Parce qu’au fond,
c’est tout ce qu’un homme comme lui mérite aujourd’hui.
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