Charlie Brooker, le créateur de la série Black Mirror, s’est exprimé sur ses véritables sentiments à l’égard de l’intelligence artificielle, partageant ses réflexions et inquiétudes alors que cette technologie suscite débats et interrogations dans la société actuelle.
Tl;dr
- L’IA inquiète Hollywood et bouleverse les métiers créatifs.
- Charlie Brooker défend l’irremplaçable lien humain dans l’art.
- Les gains syndicaux contre l’IA restent fragiles et limités.
Un Hollywood secoué par l’essor de l’intelligence artificielle
Dans les coulisses de Hollywood, l’ombre grandissante de l’intelligence artificielle nourrit autant d’espoirs que d’inquiétudes. Si certains milliardaires technophiles présentent cette technologie comme la panacée, le sentiment dominant parmi les professionnels du secteur est bien plus nuancé. Les récents conflits sociaux, à l’image des grèves historiques menées par la WGA et la SAG-AFTRA en 2022-2023, en témoignent : après des mois de bras de fer, ces syndicats ont arraché de premières protections face à l’arrivée massive de l’IA. Pourtant, ces acquis restent fragiles, balbutiants même, alors que la vague technologique ne faiblit pas.
L’IA omniprésente, mais loin de séduire tout le monde
Déjà, les studios recourent à des outils d’IA générative pour restaurer — ou parfois dénaturer — des classiques du cinéma, doubler artificiellement des œuvres ou imaginer des génériques inédits pour la télévision. Beaucoup redoutent le jour où un film serait entièrement écrit et réalisé par une intelligence non-humaine — une perspective que certains jugent quasi dystopique.
C’est précisément cette angoisse contemporaine que met en scène « Black Mirror », série phare signée par son créateur iconoclaste, Charlie Brooker. Au fil de sept saisons, ce programme s’est imposé comme le miroir inquiet d’une société fascinée par ses propres démons technologiques : compagnons amoureux virtuels, microtransactions insidieuses ou chiens robots meurtriers… autant d’épisodes qui interrogent sans relâche notre rapport au progrès.
L’humain au cœur de la création artistique : Brooker y croit encore
Interrogé par l’Associated Press, Charlie Brooker ne cache pas ses hésitations quant à la toute-puissance annoncée de ces nouveaux outils. Selon lui, « Le plus délicat sera toujours dans la façon dont on utilise l’outil. Oui, c’est puissant — à condition qu’un humain reste aux commandes. » Et si demain des œuvres étaient générées sans aucune intervention humaine ? Brooker reste sceptique : « Retirez totalement l’humain du processus créatif et il ne reste qu’un produit synthétique ; or cela ne marcherait tout simplement pas. »
S’il plaisante sur le fait d’être peut-être remplacé du jour au lendemain par une machine « aux doigts métalliques », il persiste : aucun algorithme ne saura recréer ce subtil lien émotionnel qui unit un public à une œuvre vivante.
L’avenir incertain mais résolument humain ?
Alors que les débats sur l’impact écologique — l’utilisation énergétique massive pourrait annuler les efforts passés pour réduire leur empreinte carbone — et social de l’intelligence artificielle s’intensifient à Hollywood, une conviction demeure : derrière chaque histoire marquante, il faut un regard humain. Pour paraphraser ironiquement Brooker, tant que « Black Mirror » continuera à être écrit avec des mains faites de chair et non de circuits imprimés… il restera une part d’espoir dans la fiction.
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