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Trois morts à cause du frelon asiatique en Normandie : « On ne peut pas s’en débarrasser »

1 065 nids de frelons asiatiques détruits sur l’ensemble du Calvados en 2017 et près de 3 000 le seront pour l’année 2018. La Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles de Basse-Normandie (Fredon), qui surveille de près la progression du frelon asiatique dans ce département, s’inquiète de sa progression.

En Normandie, des organismes de surveillance se mettent en place dans les départements de l’Eure et de la Seine-Maritime, après l’ex-Basse Normandie.

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Dans l’Eure et la Seine-Maritime, des réseaux de surveillance

Le premier cas de frelon asiatique répertorié en Normandie date de 2011. Il avait été signalé dans le Calvados. David Philippart, directeur de la Fredon, explique que la progression de cet insecte dans la région est préoccupante.

En France, tout l’ouest est concerné, mais jusqu’en 2018, nous étions bien loin d’avoir les chiffres de la Bretagne par exemple. Cette année, on peut déjà annoncer que l’on va multiplier par trois dans le Calvados, le nombre de nids détruits par rapport à l’an dernier. C’est énorme.

Jusque-là, les deux départements de Haute-Normandie étaient relativement épargnés : « Les réseaux de surveillance étaient déjà mis en place dans l’ex-Basse Normandie, mais c’est également en train de se faire dans les départements de l’Eure et de la Seine-Maritime vu le nombre de nids détruits cette année. »

Cet été, le nombre de nids signalés était en nette augmentation et ce n’est pas fini : « On attend le pic en novembre : quand les feuilles tombent et que l’on découvre les nids perchés à 10 mètres de hauteur. Avant l’automne les signalements concernent majoritairement les nids dans des buissons ou des habitats. »

Plus de frelons dans les villes, trois morts en Normandie

Pour la Fredon, le frelon asiatique progresse dans les zones périurbaines, « c’est indéniable et également dans les villes où on les trouve plus dans les habitats abandonnés ». Selon le spécialiste, le développement de l’apiculture dans les villes serait également pour beaucoup dans cette progression. « On leur offre un peu le gîte et le couvert… »

Deux personnes sont décédées en un mois dans les départements du Calvados et de la Manche. Un premier décès dû à une attaque de frelons asiatiques a été enregistré début août : de quoi faire peur à la population. David Philippart tempère :

Le frelon asiatique n’est agressif que lorsque vous vous approchez trop du nid sinon ils n’attaque pas. À chaque fois que l’on a eu des drames liés à des piqûres, c’est parce que les victimes ont dérangé le nid.

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Lutter contre sa progression : « impossible aujourd’hui »

Interrogé  par Normandie-Actu sur la possibilité d’éradiquer ou non le frelon asiatique en Normandie, en mai 2018,  Nicolas Moulin, entomologiste basé en Seine-Maritime, expliquait : « Non, c’est impossible. C’est un terrible prédateur qui prolifère vraiment très vite. On évoque évidemment le frelon asiatique par rapport à nos craintes pour les abeilles domestiques, mais en fait sa présence a des conséquences sur la biodiversité globale tant il consomme. »

Selon ce dernier, il faut se rendre à l’évidence : « Dans quelques années, un autre insecte aura envahi notre région et on aura oublié le frelon asiatique, mais lui sera toujours bien là. »

David Philippart va même plus loin :

Qui parle encore aujourd’hui des coccinelles asiatiques ? Il y a quelques années, on n’entendait parler que de ce redoutable prédateur ! Il n’existe aujourd’hui aucune façon d’éradiquer le frelon vu les outils dont on dispose.

Détecter avant l’arrivée de la femelle fondatrice

Seule solution aujourd’hui pour éviter la prolifération des frelons asiatiques  : la détection précoce des nids. « On attendait beaucoup d’un piège alimentaire sur lequel l’Institut national de la recherche agronomique travaille… Mais il n’est toujours pas prêt », constate David Philippart.

Actuellement d’autres pièges alimentaires permettent de tuer des frelons asiatiques, le problème c’est que les conséquences sur la biodiversité sont néfastes. Et on estime qu’il ne touchent que 3 à 4 % de la population des frelons, c ‘est donc très peu.

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Autres pistes pour détecter les nids et les éradiquer avant que la femelle fondatrice ne mette en place le cycle de colonie (au sortir de l’hibernation et jusqu’en mai) : l’utilisation de drones : « C’est efficace, mais évidemment cela implique des moyens importants à déployer sur une période longue juste avant l’installation d’une femelle fondatrice. »

En attendant, dans le Calvados, département dans lequel contrairement à la Manche les pompiers n’interviennent plus pour détruire les nids, certaines communes ont opté pour la prise en charge financière de la destruction des nids. « C’est effectivement une bonne solution, surtout pour éviter que les gens faute de moyens ne tentent de les détruire eux-mêmes. »

 

 

frelon asiatique

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