L’Olympique Lyonnais s’est incliné contre
Manchester United en quart de finale retour de Ligue Europa, ce
jeudi (4-5, a.p.). Un scénario cruel pour des Gones
héroïques.
Il y avait de l’électricité dans l’air de Manchester, pour ces
retrouvailles entre United et l’Olympique Lyonnais, une semaine
après un match nul arraché au bout de la nuit grâce au virtuose
Rayan Cherki. Dans les rangs de l’OL, tous les feux sont au vert
ces dernières semaines, comme si tous les obstacles placés sur la
route avaient soudé un peu plus ce groupe au printemps, dans ces
moments où la saison bascule.
Mais l’histoire pouvait prendre une autre tournure en cas de
qualification à Old Trafford. Parce que Manchester United reste un
nom mythique du football mondial, malgré des déconvenues à la pelle
depuis plus de dix ans et la fin de règne de Sir Alex Ferguson.
Parce que l’OL a toujours une épée de Damoclès au-dessus de la tête
avec sa situation financière. Et parce qu’un dernier carré de coupe
d’Europe n’est jamais anodin dans l’histoire d’un club.
Paulo Fonseca avait fait le choix de replacer Georges Mikautadze
dans l’axe en laissant Alexandre Lacazette sur le banc. Le buteur
géorgien est l’un des trois maillons forts de l’OL depuis de
longues semaines, aux côtés de Rayan Cherki et Corentin Tolisso. On
espérait ces trois-là un peu plus que les autres. On a vu que ces
Gones avaient aussi d’autres ressources.
Le trou noir en première période…
Dans le contexte hostile du théâtre des rêves, les Lyonnais ont
traversé des turbulences. United a peut-être des allures de risée
de l’Europe dans ses mauvais jours, mais son prestige, sa culture
européenne et le talent brut de ses individualités peuvent lui
permettre de vivre quelques parenthèses enchantées. Les Lyonnais en
ont fait les frais au cours d’une première mi-temps très délicate,
où leurs largesses défensives ont longtemps donné l’impression que
la soirée tournerait au vinaigre.
L’ancien Parisien Ugarte a ouvert le bal en reprenant un centre
de l’intenable Carnacho (1-0, 10e), avant que Dalot ne double la
mise juste avant la mi-temps en ajustant Perri après avoir remporté
un duel avec Tagliafico (2-0, 45e+1). Entre-temps, chaque équipe a
eu ses moments, mais si les Lyonnais avaient repris un peu
d’oxygène lorsque Cherki a commencé à poser le pied sur le ballon
après le premier but, ils ont surtout été maintenus en vie par un
Perri encore déterminant, quand il n’était pas sauvé par sa barre
(16e, 36e).
… Avant la renaissance
Lyon était alors au pied du mur. Et un autre match a commencé.
Cette équipe a des défauts, mais elle a de la moelle et une âme, à
l’image de Tolisso, qui sera passé par toutes les émotions. Le
champion du monde a sonné la révolte en forçant Onana à s’employer
(54e) avant de voir son complice de toujours, Lacazette, lancé dans
le grand bain. Porté par ses vieux briscards, l’OL est alors entré
dans une séquence magique. Tolisso, encore, a relancé l’espoir d’un
coup de tête victorieux (2-1, 71e), puis Tagliafico, sur une action
confuse, a vu son ballon franchir la ligne pour remettre tout ce
beau monde à égalité (2-2, 78e). Un ascenseur émotionnel parachevé
par l’expulsion du même Tolisso pour un second avertissement sur un
geste involontaire (88e)…
Sous les yeux d’un sir Alex Ferguson ébahi, ce match a été une
grande bataille que le mythique Ecossais n’aurait pas reniée. Il
était écrit qu’elle se poursuive au bout de la nuit. Mais les
Lyonnais, qui y avaient laissé des plumes et un homme en route,
devaient résister au souffle d’Old Trafford… Ils ont fait mieux que
cela. Avec une personnalité folle, les hommes de Fonseca ont poussé
plusieurs contres à un ou deux contre cinq. Sur le deuxième,
engendré par le déroutant Fofana, le ballon est arrivé dans les
pieds de Cherki, dont la frappe croisé à douché tout le stade (2-3,
104e). Puisqu’il en fallait un, l’élu, c’est bien lui. Comme à
l’aller.
… Et le coup de massue
Le plus dur restait à faire, mais ces 10 Lyonnais se sont
accrochés pour résister aux vents contraires. C’était fort,
vraiment. Et l’affaire a été entérinée lorsque Fofana, encore, a
obtenu un penalty en poussant Shaw à la faute. Le capitaine
Lacazette l’a transformé sans sourciller (2-4, 108e), mais United a
encore rétorqué sur un autre peno par Bruno Fernandes (3-4).
Le coup de froid avant le coup de massue. Une faille
spacio-temporelle de 120 secondes où le ciel est tombé sur la tête
des Lyonnais. Mainoo a égalisé d’une frappe clinique (4-4, 120e)
avant que le décrié Maguire ne s’offre son jour de gloire en
délivrant le peuple britannique d’une tête décroisée (5-4,
121e).
Ultime sursaut d’une soirée inoubliable. Le théâtre des rêves a
viré au cauchemar. En ces temps difficiles, on aurait aimé voir le
foot français s’offrir une nouvelle parenthèse enchantée. La
bataille d’Anfield nous avait amené au septième ciel grâce à Paris,
celle d’Old Trafford nous replonge dans les ténèbres.