La nouvelle série à succès de Netflix, The Eternaut, fascine les spectateurs, mais son origine est marquée par une histoire douloureuse : l’œuvre dont elle s’inspire est liée à des événements tragiques ayant touché ses créateurs.
Tl;dr
- L’adaptation de The Eternaut est arrivée sur Netflix.
- Le comic dénonçait dictature et oppression en Argentine.
- Son auteur, Oesterheld, a disparu sous la junte militaire.
Un chef-d’œuvre engagé à l’écran
Arrivée enfin sur Netflix après un long parcours semé d’embûches, l’adaptation de la bande dessinée culte argentine The Eternaut marque un tournant autant culturel que politique. Depuis Buenos Aires, la série plonge le spectateur dans un univers frappé par une invasion extraterrestre, tout en résonnant puissamment avec les réalités historiques du pays. Loin du simple récit d’invasion, le scénario met en lumière les luttes de classes, l’oppression étatique et le combat d’hommes ordinaires face à l’indicible.
L’ombre longue de la dictature argentine
Derrière cette histoire de science-fiction se cache une véritable allégorie politique : impossible d’ignorer le parallèle entre les « envahisseurs » invisibles du récit – nommés « Eux » – et la répression orchestrée par la junte militaire dans l’Argentine des années 1970. Le créateur de la série originale, Héctor Germán Oesterheld, utilisa explicitement son œuvre pour dénoncer la brutalité des régimes autoritaires, n’hésitant pas à affirmer sa position anti-impérialiste jusque dans ses dialogues. Sa propre vie fut tragiquement marquée par cet engagement : opposant déclaré au pouvoir en place, il disparut en 1977, comme nombre d’intellectuels et membres de sa famille, victimes des disparitions massives.
L’héritage d’un auteur résistant
Le parcours d’Oesterheld s’est tissé entre création artistique et résistance politique. De ses débuts dans les comics à sa participation active au sein des Montoneros, groupe révolutionnaire argentin, il n’a jamais cessé d’utiliser la fiction pour éveiller les consciences. En 1969 déjà, il réactualisait The Eternaut, accentuant encore ses critiques contre la dérive fascisante du régime. Même lors de son incarcération – selon un témoignage recueilli dans un rapport gouvernemental – il aurait continué à écrire des histoires malgré l’impossibilité de les publier : « Le pauvre vieux passe ses journées à écrire des bandes dessinées… ».
Quand la fiction éclaire le présent
Si Juan Salvo – héros ordinaire projeté dans une tragédie extraordinaire – incarne si bien l’esprit du peuple argentin, c’est sans doute parce qu’il porte en lui cette ténacité à résister coûte que coûte. Un détail saisissant termine la première saison : l’apparition des « Mains » au stade, rappel glaçant des heures sombres où le sport lui-même pouvait être instrumentalisé par l’oppression. Pour les spectateurs actuels, alors que l’autoritarisme progresse sur tous les continents et que l’Argentine traverse encore crises et instabilités économiques, ce récit trouve une résonance inédite.
The Eternaut, aujourd’hui diffusé sur Netflix, demeure plus qu’une simple série ; elle questionne le passé pour mieux éclairer notre présent troublé.
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