La LFP a choisi Mediawan Sport pour
produire sa nouvelle chaîne 100% Ligue 1. Mais derrière l’annonce
officielle, des zones d’ombre inquiétantes menacent déjà la
crédibilité du projet.
C’est officiel depuis ce lundi : LFP Media a retenu
Mediawan Sport, filiale du géant des médias, pour assurer
l’intégralité de la production éditoriale de la future plateforme
« Ligue 1 McDonald’s », qui sera lancée le 15 août
prochain. Un choix fort, présenté comme le reflet d’une
« forte ambition éditoriale ». Pourtant,
derrière le discours rassurant, ce partenariat suscite déjà de
sérieuses interrogations. Entre une expérience quasi nulle dans la
production de football en direct, des affaires judiciaires et un
climat social décrit comme tendu, le nouveau partenaire de la Ligue
1 semble traîner quelques « casseroles » qui pourraient
le placer dans la tourmente avant même le coup d’envoi.
Un nom prestigieux, mais un palmarès foot encore vierge
Le premier motif d’inquiétude est l’inexpérience. Mediawan Sport
est une entité très récente, lancée en septembre 2024, et n’a à ce
jour jamais géré la production en direct d’un match de Ligue 1 ou
de Ligue des Champions. Face à un mastodonte logistique comme la
production de huit matchs par journée de championnat,
ce manque de savoir-faire spécifique constitue un pari audacieux de
la part de la LFP, qui a préféré cette option à des candidats
plus expérimentés en la matière comme 21 Production (producteur de
la Coupe de France).
Une épée de Damoclès judiciaire sur le patron de Mediawan
Plus préoccupant encore, une menace judiciaire plane sur la tête
du groupe.
Comme l’a révélé La Tribune en janvier 2024, l’Autorité
des marchés financiers (AMF) a requis une amende de 110 000 €
contre le fondateur de Mediawan, Pierre-Antoine Capton, pour un
soupçon de délit d’initié. La décision finale de la commission des
sanctions est attendue courant 2025. Une véritable épée de Damoclès
qui pourrait sérieusement entacher l’image « éthique » du
producteur officiel de la Ligue 1 en pleine saison.
Un climat social interne qui inquiète
À ces doutes s’ajoute un climat social interne décrit comme
difficile. Selon une enquête de L’Informé en juin dernier,
plusieurs salariés de Mediawan Prod dénoncent une « brutalité
du management » et des « réorganisations à marche
forcée ». Des tensions auraient également éclaté au sein
de Troisième Œil, un label du groupe dirigé par l’ex-journaliste de
RMC Mohamed Bouhafsi. Ces alertes internes posent la question de la
stabilité sociale de l’entreprise à l’aube d’un défi aussi colossal
que la production de la Ligue 1, et font craindre de possibles
mouvements sociaux.
Le pari du LFP : Le business avant l’expérience ?
Alors pourquoi ce choix risqué ? La LFP semble avoir été séduite
par un budget compétitif et la promesse d’une solution
« tout-en-un » (Mediawan gère les 4 lots de production).
Le partenariat de Mediawan avec la société de LeBron James,
SpringHill, a aussi pu peser dans la balance, faisant miroiter
un développement et des sponsors à l’international. Un pari sur le
business et le potentiel, plutôt que sur l’expérience avérée.
Un défi double pour une chaîne à naître
En conclusion, la LFP n’a pas seulement misé sur un tarif, mais
sur un producteur certes puissant, mais flambant neuf dans ce
secteur et déjà sous le feu de plusieurs polémiques judiciaires et
sociales. Si Mediawan Sport relève ce double défi avec brio, le
pari de la Ligue sera jugé visionnaire. Dans le cas contraire, la
nouvelle chaîne 100% Ligue 1 pourrait connaître son premier couac
majeur… avant même le coup d’envoi du 15 août.
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