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«Bailler, ça réveille» et autres idées reçues sur la fatigue

«Bailler, ça réveille» et autres idées reçues sur la fatigue
Par  Jean Zanardo   Publié decembre /2017 
«Bailler, ça réveille» et autres idées reçues sur la fatigue
Bailler pourrait être une façon de rafraîchir son corps. 161629213/Antonioguillem – stock.adobe.com
Pour s’endormir ou se réveiller, chacun ses remèdes de grand-mère. Pourtant, nombre de ces techniques ne sont pas validées par la science. Pis, elles pourraient être dangereuses pour votre santé.

Une nuit blanche ? Un café vous requinquera
L’odeur du café au comptoir au petit matin. Une fragrance douce, un goût fort et la certitude de pouvoir être éveillé toute la matinée. Chacun choisit sa dose, qu’il a définie de manière empirique selon l’effet sur sa concentration au travail. Ce qui éveille, qui «requinque», c’est en réalité un processus complet: une hormone, le cortisol, agit sur l’énergie du corps et régule le rythme quotidien. La caféine stimule la production de cette hormone et prolonge son action. Mais ne comptez pas trop sur un thermos entier de café pour effacer la fatigue d’une nuit blanche: attention à la surdose, qui provoque parfois tremblements et tachycardie.
Bailler ça réveille
C’est entendu, un bon bâilleur en fait bâiller sept! Le bâillement est désigné comme un signe d’empathie. Cette irrépressible envie d’ouvrir la bouche et d’expirer fortement est-elle aussi un moyen de se réveiller? Elle viendrait en réalité d’une nécessité physiologique encore plus prosaïque. Selon des chercheurs autrichiens, le bâillement assure la régulation de la température du cerveau. Menée sur deux cohortes de personnes sur plusieurs saisons, les unes à Vienne, les autres à Tucson, en Arizona, leur étude indique que la fréquence des ouvertures de bouche est liée aux fortes chaleurs. Bâiller, en quelque sorte, consiste à «ouvrir la fenêtre» afin de se rafraîchir. Considérons ainsi que, dans les périodes d’ennui et de fatigue, la température du cerveau augmente.
Une boisson énergisante, et hop, ça repart !
Après le coup de barre, le coup de fouet? Mais sous quelle forme dans les boissons énergisantes? Sucre, caféine et acides aminés (taurine) sont au rendez-vous. Jouant sur les mots, le marketing les présente comme des boissons énergétiques, propres à soutenir une activité physique, généralement sportive. Mais elles n’ont rien à voir avec, par exemple, un lait végétal riche en protéines et sans sucre ajouté. Les canettes énergisantes trompent l’organisme avec un concentré… de sucre, riche en calories vides. Avec elles, après le coup de fouet, gare au coup de mou.
Une cigarette permet de mieux se concentrer
Célébrée pour ses ronds de fumée qui s’élèvent, la cigarette apporte au fumeur plaisir et stimulation rapide. À chaque bouffée, la nicotine joue, dans le cerveau, le rôle d’un neurotransmetteur. À forte dose, la concentration s’en trouve améliorée mais c’est un effet transitoire qu’il faut renouveler constamment. L’accoutumance est le premier prix à payer pour ce qui est perçu par le fumeur comme une amélioration de sa fonction cognitive. Puis viendront les autres effets délétères du tabac. Fumer provoque un désastre corporel, la nicotine et les autres produits toxiques présents dans le tabac agissant négativement sur l’ensemble des organes et des systèmes de circulation. Ils sont en effet promoteurs de cancers et autres maladies graves.
« Il a 2 de tension ! » : quand on est fatigué, on est hypotendu
La vision qui se trouble, des douleurs aux jambes: la tension trop basse n’a rien à voir avec la fatigue, même si elle peut survenir comme une conséquence. Seule une raison médicale explique cet état physiologique: manque de potassium, dysfonctionnement de la pompe cardiaque, par exemple. Le sentiment de devoir constamment se traîner ne disparaît donc pas en «regonflant» le système veineux. Et les fameux «2 de tension», expression populaire pour désigner la mollesse, résulte plutôt d’un trop grand effort professionnel ou, du côté des fêtards, de trop nombreuses nuits blanches.
Mâcher du chewing-gum, cela défatigue
Mâchouiller une gomme, ce n’est peut-être pas très raffiné, mais cela renforce, au moins passagèrement, les capacités d’attention et nous retient de sommeiller après un repas. C’est du moins ce qu’affirment des chercheurs américains, un pays qui a popularisé le chewing-gum et qui l’a étudié sous toutes les coutures pour ses effets sur la santé. Ne vous précipitez cependant pas sur vos tablettes (sans sucre, évidemment): à faire fonctionner des heures votre articulation temporo-mandibulaire (lieu d’union de la mandibule et du crâne), vous déclencheriez un mal de tête chronique… Et, partant, une grosse fatigue.
Yeux cernés ? Vous êtes fatigués !
Chaque matin, dans le miroir, des cercles noirs sous les yeux. Alors, fatigué? Les cernes sont réputés être la marque de la lassitude, de l’âge, voire d’une mauvaise santé. Pas seulement… Dans certains pays, pour certaines ethnies, on a les yeux cernés alors qu’on y dort aussi bien et qu’on ne se sent pas plus stressé qu’ailleurs. C’est en réalité une question de peau plus ou moins pigmentée: le noir de ces cernes-là, c’est la couleur du sang, rendue plus ou moins visible par la finesse et la couleur de la peau. Ce qui reste valable pour tout un chacun, en revanche, ce sont les effets de l’âge sur la peau du contour des yeux. Définie par nos gènes, la qualité de notre enveloppe s’amenuise avec les années, moins souple, plus fine. Les cernes s’imposent avec l’âge et… finissent par vraiment nous fatiguer!

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